Sascha soupire légèrement lorsqu’elle met le pied dehors, le vent frais du printemps ébouriffant un peu ses cheveux. Elle se retourne pour verrouiller la porte de l’immeuble— elle travaille à temps partiel comme embaumeuse dans une résidence funéraire. C’est plutôt facile, comme emploi. Sa fascination pour la mort est totalement satisfaite, et même que son patron est plutôt impressionné par son attention au détail et sa minutie. Elle prend peut-être un peu trop son temps, même. Mais à chaque fois, les corps qu’elle prépare sont des véritables œuvres d’art.  Elle sent encore un peu le formol, mais Sascha ne s’en fait pas. Elle jette ses clés dans le fond de son sac à main et prend enfin la direction du centre-ville. Si son estomac avait pu gargouiller, il l’aurait fait. Sascha commence à avoir faim. Pense à arrêter dans un pub pour peut-être se trouver un humain à grignoter. Mais ça va attendre— Elle est beaucoup trop proche de la résidence et préfère chasser éloignée des endroits qu’elle fréquente souvent. Fitzrovia, parce qu’elle sait que le vampire qui convoite ce territoire est quelqu’un d’assez excentrique qui n’aura pas peur de lui faire la peau s’il sent qu’elle menace la zone. Et la résidence, parce qu’elle refuse de mettre son emploi et ses collègues en danger. Les policiers prendraient soin d’interviewer tout le monde, et les soupçons finiraient par les mener directement à elle.

Elle coupe donc par le centre-ville, profitant de la douce température pour s’y promener un peu. La soirée est encore jeune, mais  le soleil commence à se coucher, ce qui rend la température idéale pour la jeune femme. Elle porte un manteau de cuir noir sur un petit gilet blanc et une paire de jeans— Un look assez simple, accompagné d’une paire de bottes en cuir noir à semelles compensées. Ça contraste assez bien avec ses cheveux rouges, qu’elle détache alors qu’elle tourne un coin de rue. Sascha fredonne, ses écouteurs aux oreilles alors qu’elle marche avec entrain.

L’allemande fini par s’arrêter en approchant un coin de rue plus tranquille. Le vent souffle vers elle et emmène à son nez une odeur familière. Même si elle passe ses journées à sentir le maquillage, le formol et autres produits d’embaumement, Sascha reconnaît cette odeur sans même y mettre un effort. Le sang. Mais d’où ça vient? Elle continue à marcher, suivant l’odeur jusqu’à un recoin éloigné. Une personne saine d’esprit se serait sûrement sauvée dans l’autre direction en voyant la scène qui se produisait sous ses yeux. Mais Sascha n’était pas exactement saine d’esprit, figeant en regardant dans la ruelle d’où provenait l’odeur alléchante. Devant elle, se trouvent un homme, accroupi au-dessus d’un corps clairement mort. De là venait cette odeur qui faisait quasiment saliver Sascha. Silencieusement, elle s’approche, émerveillée par ce spectacle. Sans même y réfléchir, elle parle : « Wow, » dit-elle en s’extasiant. « Qu’est-ce que tu fous-là? »  Ses pieds la mènent de plus en plus près, à une distance où elle peut voir le corps fraîchement tué. L’odeur du sang l’excitait, ses yeux verts brillant d’une lueur étrange. À voir tout ça, cet homme n’était clairement pas un humain. Mais… « Qu’est-ce que tu vas faire avec? »

Sascha n’est pas exactement surprise par la réaction rapide de l’inconnu. Toutefois, elle a peine à retenir le bruit de surprise qui s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’il l’agrippe par les épaules pour la plaquer contre le mur de briques. Ses yeux verts parcourent le visage ensanglanté de l’autre, et malgré la pénombre de la ruelle, elle peut distinguer ses traits. Il a un visage unique— ses yeux sont probablement la chose qui la frappe le plus; ils sont si pâles et remplis d’une colère sauvage qu’elle reconnaît facilement. Peu d’humains sont capables d’exprimer autant de sauvagerie, et c’est ce qui confirme sa théorie. Cet homme est un vampire. « Calmes-toi, » dit-elle doucement, utilisant juste assez de Présence pour affecter l’autre légèrement. « Personne ne m’envoie, » ajoute-t-elle, lâchant un nouveau bruit lorsqu’il la lâche et que ses pieds touchent le sol. «Je passais dans le coin. L'odeur était difficile à manquer. »

Même si elle n’était pas vraiment impressionnée par ses menace, Sascha ne les sous-estimait pas. Elle savait que les vampires dans son genre étaient rares, parce que la bonne majorité d’entre eux finissaient par dégénérer et mettre la Secte en danger. Certes, le Sabbat leur laissait une certaine marge de manœuvre, mais il y avait une limite à celle-ci. L’unes de ses mains se soulève, le bout de ses doigts glissant contre le sang qui couvrait légèrement son manteau de cuir. Attentivement, elle observe avant de mettre le doigt entre ses lèvres pour y lécher le sang qui s’y était collecté. « Tu sais, ça aurait pu être un humain qui te voie, » dit-elle, sa voix toujours empreinte d’une légèreté quelque peu déconcertante. Elle était un vampire, oui. Elle se contrebalançait des passe-temps des autres. « Quoi que je croie qu’il aurait fini comme celui-là, » Sascha pointe le cadavre du menton, un peu déçue d’avoir manqué le meilleur.

Elle était fascinée par la mort sous toutes ses formes, mais ce qu’elle préfère par-dessus tout, c’est de voir la vie quitter le corps de ses victimes. C’est pour cela qu’elle ne chasse pas trop souvent— tuer un humain était chose facile, mais de rester assez subtile pour ne pas se faire remarquer, ça… C’était une chose totalement différente. Après un moment de silence, Sascha fait le lien. « Tu es ce tueur en série, » dit-elle de manière décontractée. Elle n’est pas effrayée, mais plutôt fascinée par cette réalisation. Juste à voir le cadavre, elle savait qui il était. « Les médias t’appelle Le Mangeur. Tu caches tes traces en arrachant la chair que tu touches avec tes mains. »

Se faire prendre alors qu’il chassait ne faisait pas partie de son plan, il avait planifié de faire plus subtile. Il ne s’était jamais fait prendre avant, il en était presque insulté, pourtant il avait fait attention à le tuer avant qu’il ne se fasse entendre. Ce qui ne l’avait jamais trahi avant ce soir. Avait-il été plus bruyant qu’a son habitude? Avait-il lui-même gâcher son plan? Il avait eu raison de vouloir lui sauter au visage quand il l’avait vu, c’était un témoin de trop. Mais ses paroles fût assez directe, elle était comme lui. Probablement, tout aussi folle que lui pour l’approcher comme elle venait de le faire. Et qui plus est, de lui répondre aussi calmement alors qu’elle avait le fruit de son massacre devant les yeux. Mais de se faire prendre par une de ses semblables était quelque chose d’autre, au moins il ressentait moins le stress qu’elle ait prévenir les autorités.

Son visage perdu ses traits dure qui reflétait sa rage alors qu’elle continuait de lui parler. Insinuant qu’il n’aurait pas hésité si elle avait été une humaine à faire d’elle un cadavre dans le même état que celui qui se trouvait à leurs pieds. Il ne répondit seulement que par un léger rictus teinté de rouge, ayant encore la bouche pleine de sang. Et son sourire s’élargie encore plus alors qu’elle lui parlait de ce que les humains disaient de lui. Certaines choses dites était vrai, il tuait pour le plaisir de voir les gens souffrir et de regarder la peur dans leurs yeux, mais il le faisait aussi pour se nourrir. Il ne le faisait pas pour assouvir ses pulsions sexuelles comme le disait certains profilers, mais c’était plutôt le contraire tuer lui donnait des pulsions sexuelles. Ils n’avaient pas tout juste les pauvres. Toutefois sa réaction face à sa découverte ne semblait pas être de la peur il voyait de la fascination dans ses yeux.

« Bien renseignée, mais peu impressionnant… Ce qui m’intéresse c’est la raison pour laquelle tu me semble si fasciner par le cadavre? »

Il allait jusqu’à se demander si elle aussi ne tuait pas ses repas, si elle aussi prenait plaisir à voir les gens mourir devant elle, si elle le faisait violemment pour qu’ils souffrent ou si elle le faisait pour voir chacun des moments de leur mort. C’était les questions qu’il se posait alors qu’il la fixait droit dans les yeux, comme s’il l’étudiait. Même certain vampire ne se serait pas approché pour interrompre son repas, il se doutait bien qu’elle avait probablement une habitude à voir la mort et de se rendre compte de cette réalité avait fait naitre une curiosité chez le malkavian.

« Ce n’est surement pas parce qu’il te donne faim »

Il lui souria, il savait qu’il avait raison de la croire tout aussi cinglée que lui. Il aimait l’idée de probablement pouvoir partager des moments sanglants avec une autres personne, probablement qu’elle lui apporterait ses façons de faire. Bien sure qu’elle pouvait ne pas vouloir, mais cette idée le rendait plus heureux qu’il ne le devrait. Il essuya un peu de sang de son visage du revers de sa main, l'étendant plus qu'autre chose, avant se pencher vers le cadavre pour le mettre sur ses épaules pour le transporter.

« Suit moi... »