Kennedy figea lorsque Jaheem prit son visage entre ses mains, plongeant son regard dans le sien. Comment faisait-il pour être aussi positif et souriant? Une personne normale aurait pris ses jambes à son cou en découvrant l’existence des vampires. Mais Jaheem n’avait pas changé sa manière d’être avec elle. Bien sûr, au début, il était plus… prudent, mais maintenant? Il la traitait comme une amie. « Okay, » dit-elle à mi-voix, baissant les yeux, incapable de continuer à soutenir son regard. Si elle avait pu rougir, Kenny serait rouge tomate à ce point. Ce phénomène aurait empiré alors qu’il l’enlaça, la pressant contre son corps.

C’est alors que Kennedy laissa tomber ses murs, posant l’essuie-tout derrière eux sur le comptoir avant de passer ses bras autour du torse de Jaheem à son tour. Elle avait peine à se rappeler la dernière fois qu’on l’avait enlacée de cette manière. Peut-être… ses parents? Elle chassa cette pensée de son esprit pour prendre une profonde inspiration, remplissant ses poumons de l’odeur réconfortante de Jaheem. « Je… Okay. C’est la première fois qu’on m’offre de me nourrir comme ça, sur quelqu’un. » Elle pouvait sentir son sourire contre ses cheveux. « J’ai juste peur de te faire du mal, » marmonna-t-elle doucement avant de reculer un peu pour le regarder dans les yeux. Doucement, elle glissa ses doigts contre la peau de son cou, là où se trouvait une plaie, quelques secondes plus tôt. « Si jamais je perdais le contrôle et te faisais du mal, Jaheem— » Elle s’arrêta, la simple image comme un choc. « Je ne pourrais pas me le pardonner. » Elle finit sa phrase presque comme un chuchotement.

À l’invitation de Jaheem, elle hésita de nouveau avant de lâcher un petit rire. « Tu oublies ce que je suis? » Lui demanda-t-elle avec un petit sourire avant de secouer la tête. Ce n’était que des blagues, après tout. Mais en même temps, il était vrai que Jaheem habitait un peu loin de son appartement… « D’accord… Ça ne va pas déranger tes parents? » Elle se déplaça enfin, se glissant hors de l’étreinte de Jaheem pour jeter l’essuie-tout souillé dans les poubelles. Avec l’estomac plein, il fallait dire que Kennedy se sentait beaucoup mieux. Presque comme une autre personne— sa peur, son hésitation, tout semblait s’être évaporé. Quand Jaheem lui confirma que tout était beau, ils attendirent que le reste du groupe quitte tout en sûreté avant de monter à l’étage.

Ensemble, ils préparèrent le lit pour Kenny— un simple matelas avec assez de couvertures et un oreiller trop dur à son goût, mais qui allait faire l’affaire pour la nuit. Environ une heure plus tard, après avoir parlé de diverses choses— d’existence, d’art… Ils s’endormirent. Ce fut un peu plus tard dans la nuit que Kennedy se réveilla en sursaut— un autre de ses cauchemars si violents qu’ils la réveillaient en sueurs et en larmes, parfois. C’était silence total dans la pièce, excepté le doux son de la respiration de Jaheem, paisiblement endormi à quelques pas d’elle. Après quelques secondes passées à se rappeler où elle se trouvait, Kennedy se glissa hors des couvertures pour aller s’asseoir sur le bord du lit de l’humain, prenant quelques secondes pour le regarder. Mais pas d’une manière prédatrice, non. Elle le regarda avec… amour? Glissant doucement sa main dans les boucles serrées de ses cheveux, ce qui le fit bouger légèrement dans son sommeil. C’est alors qu’elle décida de se coucher à ses côtés, blottie contre son torse, l’entourant d’un bras.

Et ce fut la meilleure nuit de sommeil que Kennedy n’ait jamais eue.