Eleanor sourit au rire de Miramoon. C’est un joli rire. Elle écoute attentivement le flot de paroles qui émerge de la bouche de l’autre jeune fille, commençant déjà à y être habitué après cette brève conversation. Mira parlait d’un ton passionné, les yeux pleins d’étoiles : il était évident qu’elle portait un amour sincère à l’art. Eleanor ne l’interrompt pas, hausse les sourcils, entortille une mèche de cheveux blanc autour de son doigt. Elle hoche la tête de temps à autre, pour montrer qu’elle écoute, penche la tête de côté puis a un petit rire.

« Ton avenir est tout tracé, huh? »

Elle s’étire, se redressant, puis pointe l’affiche au-dessus du lit de l’autre.

« C’est toi qui l’a fait, alors? Tu as du talent! »

Elle regarde l’image du loup pendant que Miramoon va reporter le sac de glace. C’est vrai qu’elle a du talent ; c’est une image très réaliste, bien exécuté. Eleanor ne connait pas grand choses aux arts plastiques ou visuelles : elle est plus littéraire. Sa mère l’a déjà amené au musée, mais Eleanor n’a guère apprécié. Un endroit totalement si vide qu’il crée de l’écho, des œuvres solitaires sur les murs, des gens jugeant en silence : c’est une atmosphère trop morne à son goût. Elle préfère de loin les bibliothèques.

Elle s’était retourner vers ses boites lorsque l’autre jeune fille revint. Eleanor sors une pile de livres d’une boite avant de regarder Miramoon de nouveau.

« Tu aimes les loups? »

Elle a un sourire en coin en posant la question, amusée à cette idée. Après tout, n’est-il pas agréable de penser qu’elle puisse l’aimer sous sa forme lupine? Elle n’a rencontrer que les Black Furies depuis son arrivée à Londres. Même lors de ses balades dans le boisé, elle n’a guère croisé d’autre garous, encore moins de réel loups. Elle s’était toujours demandé comment réagirait un humain face à… enfin, son inhumanité, mais sa mère lui a toujours fermement interdit d’en parler. Ne serait-ce que pour sa mère, elle tient sa langue.

Mira regardait Ellie prendre ses livres, elle en avait beaucoup.

« Ton avenir est tout tracé, huh? » demanda sa coloc.

Son avenir était-il vraiment tout tracé? Elle ne le savait pas. En fait, elle voulait bien que tout ce déroule comme cela, mais elle savait très bien que dans la vie, rien n’est vraiment comme l’ont veut.

« Je suppose que oui, mais à vrai dire, mes parents m’ont toujours dit que peu importe ce que nous traçons dans notre vie, cela ne veut pas dire que tout va arriver comme nous l’avons tracé. Alors je me dis que oui j’ai un peu tracé mon avenir, mais c’est vraiment un idéal à atteindre. En cours de route, je peux décider de changer de plan. Ce que je sais, c’est que je voudrais devenir une grande artiste.»

« C’est toi qui l’a fait, alors? Tu as du talent! Tu aimes les loups? »

Mira rougit. Elle n’aimait pas dire qu’elle avait du talent en parlant d’elle-même, mais lorsque cela venait de quelqu’un d’autre, elle trouvait cela toujours flatteur.

«oui en effet c’est moi qui l’est fait. J’adore vraiment les loups. Plus que la normale d’ailleurs. Ce n’est pas rare que j’en voie dans les bois d’ailleurs. Je su……»

Mira se tue juste avant de faire une gaffe. Elle savait très bien qu’il ne fallait pas en parler aux humains, car il ne comprendrait pas ce qu’elle était. Il aurait peur et elle finirait dans un cirque, un laboratoire ou pire morte. Mira descendit son regard vers le sol et  prit son oreiller dans ses bras qu’elle serra contre elle.

«oui en effet c’est moi qui l’est fait. J’adore vraiment les loups. Plus que la normale d’ailleurs. Ce n’est pas rare que j’en voie dans les bois d’ailleurs. Je su……»

Eleanor est surprise, tourne la tête vers Miramoon et la regarde prendre l’oreiller pour le serrer contre elle. Clairement une attitude défensive. Le regard baissé indique un secret, les bras croisés une protection et l’oreiller lui-même est un bouclier métaphorique : visiblement, l’autre jeune femme ne semble plus vouloir parler de ce sujet.

C’est entre ses 12 et 15 ans qu’Eleanor a appris à reconnaitre ce genre de détails physiques. Ce sont les Black Furies avec qui elle a grandi qui le lui ont enseigné ; comme elle avait passé toute sa vie à ne côtoyer que sa mère et – parfois – son père, elle avait toutes les misères du monde à comprendre et reconnaitre le langage corporel humain. C’est Kyla, la secrétaire du journal où elle à grandit qui lui a appris la grande majorité. Elle disait que l’observation et l’interprétation du langage corporel pour comprendre l’état émotionnel d’une personne s’appelait de la synergologie.

Ellie s’est peu intéressée au terme, mais à trouver fascinant la mise en pratique de la discipline. Il lui arrive encore parfois de ne pas comprendre l’attitude d’une personne, bien sûr – après tout, la synergologie n’est pas une science exacte – mais cela l’aidait beaucoup à s’y retrouver.

Elle dépose ses livres sur son bureau, se rapproche de l’autre et sourit, tendant la main.

« Je crois qu’on va bien s’entendre. Je suis ravie de te connaitre, Miramoon. »

Elle décide qu’il est mieux pour cette première journée de ne pas trop pousser l’autre, mais sa curiosité est piquée : il semble que la jeune femme ait une relation particulière avec les loups et Eleanor aimerait bien en savoir plus.

Mais elles ont encore tout le semestre pour découvrir leurs secrets respectifs, non?

Mira regarda Élie ranger ses livres et lui tendre la main.

« Je crois qu’on va bien s’entendre. Je suis ravie de te connaitre, Miramoon. » dit ellie.

Mira lui tendit la main et lui sourie.

« Oui en effet, je crois sincèrement que nous allons bien s’entendre et je suis tout aussi ravie que toi de te connaître, Eleanor. Nous allons passer un très beau trimestre.»

Mira ouvrit son calepin à dessin et commença à dessiner. Par instinct, elle dessina deux loups dans une forêt jouant ensemble comme deux enfants. Évidemment, Mira ne savait pas que Ellie était aussi une werewolf, mais elle sentait au fond d’elle que ce dessin représentait bien leur amitié nouvelle.  Elle écrit au dessus des deux loups, Chambre d’Éleanor et Miramoon. Lorsqu’elle finit son dessin, elle le montra à sa nouvelle amie. Elle lui sourit cherchant un signe d’approbation comme quoi qu’elle l’aimait assez pour qu’elle puisse l’accrocher à la porte. Elle alla donc l’accrocher sur la porte extérieure avec 2 bouts de gommette qu’elle avait pris dans son bureau.

«Voilà, notre chambre va être beaucoup plus jolie comme cela» dit Mira avec un beau et gros sourire en regardant Éllie.

« qu’en dit tu Éllie» dit-elle de façon semi-affirmative et semi interrogative.

Mira alla se rasseoir sur son lit et s’accota sur son mur partant dans la lune et rêvant à tout ce que pourrait dire son dessin.

Miramoon lui prend la main sans hésitation, lui rendant son sourire. Elle déclare partager ses sentiments et lance qu’elles vont certainement passer un bon semestre. Eleanor sourit, hoche la tête.

« Je l’espère bien! »

Alors que l’autre ouvre son cahier à dessin, Eleanor retourne terminer son déménagement. Elle a presque fini de vider les boites et s’y attèle avec diligence… ou, enfin, la « diligence » dont on peux s’attendre d’elle ; mettre la majorité des objets en pile avant de défaire les boites pour les ficher entre son lit et le bureau. Alors qu’elle termine, la brune attire son attention. Elle s’approche, curieuse, et observe le dessein. Elle hausse les sourcils. Deux loups, huh? Elle regarde l’autre, se demandant un instant s’il s’agit d’un message, puis sourit.

« Il est génial. »

Apparemment satisfaite, la jeune femme file prendre de la gommette à son bureau avant de filer ouvrir la porte, y installant le dessin. Eleanor la regarde faire, se demandant si elle ne se met pas à découvert en laissant cette affiche sur leur porte… puis se dit que si l’autre jeune fille le fait sans craintes, elle doit simplement trop réfléchir.

«Voilà, notre chambre va être beaucoup plus jolie comme cela»

Eleanor cligne des yeux, sortant de ses pensées.

« qu’en dit tu Éllie»

Miramoon lui sourit. Elie lui rend la pareille.

« Évidemment. »

L’albinos retourne sur son lit, attrapant son livre et l’ouvre en jetant un coup d’œil à la jeune femme en train de rêvassé sur le lit opposé. C’est une belle colocation qui commence.